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Toujours aucune clarté sur la mort d'un opposant tchadien

Un an après le meurtre de Yaya Dillo par les forces de sécurité, des questions subsistent

Le dirigeant de l'opposition politique Yaya Dillo donne une conférence de presse le 30 avril 2021 à N'Djamena, au Chad. Dillo a été tué le 28 février 2024 au siège de son parti dans la capitale du pays par des forces de sécurité. © 2021 Photo d'Issouf Sanogo/AFP via Getty Images

Le 28 février 2024, Yaya Dillo, l’un des principaux opposants politiques tchadiens, a été tué lors d'un assaut mené par les forces de sécurité de l'État contre le siège de son parti à N'Djamena, la capitale du Tchad. Un an plus tard, les autorités n'ont toujours pas éclairci les circonstances de sa mort.

Peu après l'incident, le procureur de la République, Oumar Mahamat Kedelaye, a déclaré lors d'une conférence de presse que Yaya Dillo, président du Parti socialiste sans frontières (PSF), avait été tué lors d'un échange de tirs avec les forces de sécurité lorsqu’elles étaient entrées dans le bâtiment du PSF.

Yaya Dillo a été tué seulement quelques mois avant les élections du 6 mai 2024.

Après l'assaut, les autorités tchadiennes ont arrêté de nombreux membres du PSF ainsi que des membres de la famille de Yaya Dillo, et les ont transportés à la prison de haute sécurité de Koro Toro. Dix membres de sa famille y ont été illégalement détenus jusqu'en décembre 2024 après avoir été accusés d’atteinte à la sûreté de l'État, bien qu'ils aient ensuite été acquittés par un tribunal, en juillet.

La mort de Yaya Dillo était suspecte depuis le début. Dans les mois qui ont suivi son meurtre, Reuters a publié un article dans lequel cinq experts médico-légaux ont affirmé que Yaya Dillo avait été tué d'une balle dans la tête à bout portant. Human Rights Watch a depuis mené un entretien avec un témoin qui a déclaré que l’opposant n'était pas armé lorsque les services de sécurité ont pris d'assaut le bâtiment du PSF, et qu'il avait crié à ses partisans de garder les mains en l'air pour ne pas être abattu.

Lorsque j'ai discuté du meurtre de Yaya Dillo avec le ministre de la Justice du Tchad l'été dernier, il a insisté sur le fait que l'affaire était close et ne nécessitait pas d'enquête supplémentaire. Il a déclaré que la seule action qui restait nécessaire était que les tribunaux poursuivent en justice les membres du PSF qui auraient potentiellement eu recours à la violence.

Le résultat des élections tchadiennes de mai dernier était un fait accompli. Les organisations internationales n'étaient pas autorisées à surveiller le scrutin, et les forces de sécurité ont semé la peur dans tout le pays après l’annonce des résultats, avec des « tirs de célébration » qui ont tué au moins 11 personnes.

L'absence d'enquête sur le meurtre de Yaya Dillo, un an après cet incident, est une occasion manquée d'enrayer la descente du Tchad vers la violence politique et l'impunité. Il est impératif que le pays fasse face à la réalité de cette dérive pour y mettre fin. Il est maintenant temps que les partenaires du Tchad et les experts internationaux fassent pression pour que les responsables rendent réellement des comptes.

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