Le nouvel administrateur d'un grand hôpital veut réduire le budget de l'hôpital. Les factures d'électricité semblent assez élevées, alors il ordonne au personnel de se rendre dans les services et les salles d'opération et de débrancher toutes les machines en attendant d’examiner leur utilité. Quelques semaines plus tard, il annonce que son audit est terminé : les machines vont rester débranchées.
De l'argent économisé et, en prime, fini ces satanés bips.
C'est absurde, bien sûr, mais c'est en fait ce que l'équipe Trump a fait de l'aide étrangère des États-Unis. Et les conséquences seront tout aussi désastreuses.
Tout d'abord, en janvier, Trump a ordonné la suspension de toute l'aide étrangère, en attendant un examen détaillé, programme par programme. Aujourd'hui, l'administration affirme que son examen est terminé et qu'elle va laisser la plupart de ces machines vitales débranchées.
La semaine dernière, l'administration Trump a annoncé qu'elle mettrait fin à plus de 90 % des programmes de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Il s'agit de la principale agence gouvernementale américaine qui gère l'aide civile à l'étranger et l'aide au développement dans le monde. Les coupes budgétaires concerneront également des milliers de programmes d'aide extérieur gérés par le Département d'État.
Au total, cela représente environ 60 milliards de dollars. C'est beaucoup d'argent, mais cela équivaut à moins d'un pour cent du budget fédéral américain. Les contribuables américains ne remarqueront probablement aucune différence.
Cependant, c'est à l'étranger que ces coupes auront un impact massif. Cette décision mettra en danger des millions de personnes et portera atteinte aux droits humains dans le monde.
En fait, le gel de l'aide a déjà entraîné des conséquences catastrophiques. Par exemple, il a mis fin aux cours universitaires en ligne pour les femmes et les filles afghanes. Il a empêché la fourniture de médicaments destinés à prévenir la transmission du VIH de la mère à l’enfant pour des centaines de milliers de nouveau-nés. Il a privé de financement des soupes populaires d'urgence au Soudan, frappé par la famine.
Les coupes budgétaires ont également eu d'autres conséquences dévastatrices sur les droits humains dans le monde. Des organisations d'enquête sur les droits humains sont menacées de fermeture ou de réduction de personnel. (Pas Human Rights Watch, d'ailleurs. Nous ne recevons d'argent d'aucun gouvernement.)
Les médias indépendants qui s'efforcent de dénoncer les violations des droits humains et la corruption sont également menacés. Les coupes budgétaires toucheront également des organisations qui fournissent des services juridiques aux victimes de poursuites à caractère politique dans des pays autoritaires comme la Russie, la Biélorussie et la Chine.
Il est impossible que l'administration Trump ait procédé à un examen approprié de milliers de programmes de ce type avant de les supprimer.
Le « processus d'examen » du département d'État a été précipité. Il manquait de directives internes indispensables. Il n'y a pas eu de méthodologie pour les commenter publiquement. Plus grave encore, il n'y a pas eu de processus pour atténuer les risques que l’arrêt brusque de ces programmes dans leur intégralité allait entraîner.
Ce n'est pas une mauvaise chose d’auditer des programmes financés par les impôts. Tout nouveau gouvernement pourrait vouloir le faire, et il a l'autorité d'une élection récente pour le faire.
Mais il existe des moyens plus intelligents pour évaluer ces programmes, comme étudier attentivement ce que font ces machines hospitalières qui émettent des bips avant de les débrancher.