Jusqu'à présent, la réponse internationale à l'escalade rapide de la crise dans l'est de la République démocratique du Congo, où le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, a commis de nombreuses graves exactions, s'est limitée à de simples paroles.
Mais jeudi dernier, le gouvernement des États-Unis a imposé des sanctions financières et matérielles au ministre d'État rwandais et ancien commandant militaire, le général James Kabarebe, ainsi qu'à Lawrence Kanyuka Kingston, un ressortissant congolais qui est le porte-parole de l'Alliance Fleuve Congo (AFC), une coalition politico-militaire dont fait partie le M23.
La résurgence du M23 à la fin de l'année 2021 a exposé les civils à des bombardements sans discernement et à des meurtres, à des violences sexuelles généralisées, à des déplacements forcés et à d'autres violations du droit de la guerre commises par toutes les parties au conflit. Il est évident que les troupes rwandaises opèrent activement aux côtés du M23 et qu'elles ont joué un rôle crucial dans les avancées de ce groupe armé depuis janvier. La situation humanitaire de la région est devenue de plus en plus grave.
James Kabarebe a joué un rôle de premier plan dans les actions militaires abusives du Rwanda dans l'est de la RD Congo depuis 1996. En 2012, il commandait le M23 lorsque celui-ci a pris Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, selon les Nations Unies. Son rôle dans la coordination du soutien rwandais au M23 se poursuit aujourd'hui. Lawrence Kanyuka a joué un rôle clé dans les relations publiques du M23/AFC.
Mais la faible réaction de la communauté internationale à l'égard du Rwanda et du M23 n'a fait que les enhardir. La semaine dernière, leurs forces ont pris Bukavu, la capitale provinciale du Sud-Kivu. Cette semaine, elles ont avancé sur Uvira, une ville stratégiquement située plus au sud. Nous continuons à recevoir des informations sérieuses et crédibles faisant état de meurtres ciblés dans les nouvelles zones contrôlées par le M23.
Les sanctions des États-Unis envoient un message fort indiquant que le pays prend enfin au sérieux la situation dans la région des Grands Lacs. D'autres pays concernés, notamment le Royaume-Uni, ainsi que l'Union européenne, qui a convoqué l'ambassadeur du Rwanda vendredi pour lui demander d'agir, devraient leur emboîter le pas. Une première étape consisterait à sanctionner les commandants de haut rang impliqués dans des violations dans l'est de la RD Congo ainsi que les responsables rwandais derrière le M23.
Ils devraient également étendre les sanctions aux hauts fonctionnaires congolais impliqués dans des abus, étant donné que l'armée congolaise et ses alliés ont également commis de graves violations à l'encontre des civils dans le cadre de la lutte contre le M23.
La réponse internationale peut être lente à venir, mais il n'est pas trop tard pour faire pression sur toutes les parties belligérantes afin qu'elles accordent un répit définitif et nécessaire aux civils déjà touchés par le conflit.